Compagnie de théâtre : Empreinte et compagnie

«Comme la vie est lente, comme l’espérance est violente.»
Guillaume apollinaire

Le Théâtre est depuis les Grecs le lieu où les citoyens spectateurs accèdent à la «conscience du fictif», où ils découvrent que la réalité peut trouver sa véritable signification et tout son poids humain après être passée par cette sorte de transmutation qui en fait une oeuvre, où ils peuvent comprendre ce qu’autrement ils ne peuvent comprendre et subissent parfois comme une fatalité.

Cette définition de la place du Théâtre dans la Cité s’applique avec pertinence aujourd’hui. N’en va-t-il pas de même ? Ne doit-il pas créer ce faisceau d’intensité à la faveur duquel les forces qui régissent en permanence la vie quotidienne de tout un chacun peuvent être isolées et de ce fait perçues de façon plus nettes ?

N’y aurait-il plus de miroir ou de glace dans l’ordre moderne où l’homme soit affronté à son image pour le meilleur ou pour le pire ?

La représentation peut-elle réfléchir le réel, c’est-à-dire tout ensemble en rendre compte dans sa restitution et oeuvrer par élucidation vers une réflexion critique ?

La représentation doit réunir cette conjonction de désirs qui concourent à l’émotion et si possible à l’éveil des consciences, elle doit tenter de déceler sur les espaces flous les points de crise sur lesquels la Cité doit délibérer et agir.

L’impression que la Boîte du Monde est tombée, ou que ce qui tenait le Monde est fichu et hors d’usage, c’est ce que la petite Boîte du Théâtre devrait faire passer: un Théâtre du Monde tel qu’il est devenu et tel qu’il file, très vite, si vite que nous avons besoin de la lenteur de la durée théâtrale pour le penser.

Ainsi, faire du Théâtre serait participer à construire un Public de Citoyens. Pour un regard critique sur le Présent, pour un Avenir autre.